Episode Transcript
[00:00:17] Speaker A: Il sera très très bon Il y aura quelque chose Bonjour à tous et.
[00:00:29] Speaker B: À toutes, bienvenue à un nouvel épisode de Ciné-Histoire qui revient après quelques semaines de vacances bien méritées où j'en ai profité pour regarder beaucoup de films un peu moins récents si on veut, des films que j'avais déjà vus et parmi ceux-ci, quelques-uns de mes films préférés. J'en ai profité vraiment pour décrocher dans les dernières semaines plutôt que de me coller seulement à l'actualité. Casse-la-tienne, il y a quand même eu beaucoup de mouvements, que ce soit avec des sorties de blockbusters comme Superman et Jurassic World, on en avait parlé déjà à l'émission Jurassic World, mais bon, les Freaky Friday, The Naked Gun, bref, c'est ça, il y a eu beaucoup de sorties, il y a eu Menteuse également, donc notre gros succès québécois de l'année. Mais c'est ça, j'en ai profité aussi pour regarder plein d'autres films. J'ai regardé Whiplash, j'ai regardé... C'est ça, quelques-uns de mes films préférés. Forrest Gump et tout ça, pour décrocher un petit peu. Et puis peut-être se créer du contenu au courant de la session également. Je vais peut-être commencer en fait des chroniques sur mes fameux films préférés, donc pour... Je sais pas, expliquez un peu pourquoi ces films sont vos préférés. Bref, on verra en temps et lieu. Mais cette semaine, on revient en force parce qu'il y a plusieurs nouveautés qui prennent l'affiche aujourd'hui. Et on va parler de plusieurs de celles-ci. Il y a d'abord Phoenix, le nouveau film de Jonathan Beaulieu-Cyr. On était supposé en fait faire une entrevue avec l'équipe du film, Maxime Genois, Evelyne Brochu et le réalisateur, mais malheureusement, ils ont eu un ennui de transport, ce qui fait qu'ils sont arrivés pas mal plus juste à l'avant-première à la Maison du cinéma. On n'a donc pas pu faire d'entrevue avec eux, mais c'est pas grave. Vraiment, je vais parler quand même du film qui prend l'affiche aujourd'hui officiellement. dans beaucoup de cinéma, pour vrai, au Québec. Le film se fait quand même un petit moment. Je pense qu'il est prêt. Il avait été dans quelques-uns des festivals, soit à l'automne dernier ou peut-être en début d'année. Mais finalement, c'est ça, la date prévue est pour août. Je ne sais pas si c'est pour avoir un peu plus le champ libre après les blockbusters américains qui sortent habituellement. Les derniers sortent soit début août ou fin juillet, indépendamment.
Peut-être que c'est ça, mais bon, on va parler de Phoenix quand même du film. On va parler également du film « Aimons-nous vivants » qui prend l'affiche aujourd'hui à la Maison du cinéma. On va parler du film « Fleurs en volant » Innu. Donc lui aussi qui s'intéresse aux chanteurs populaires québécois. Donc voilà, surtout dans ces années post-AVC, donc après 2021. Donc le documentaire a été tourné en 2022, 2023, 2024. Donc voilà, on va en parler un peu plus tard à l'émission. Il y a une nouveauté également américaine qui sort, qui est « Honey don't », qu'on a traduit très très bien ici au Québec par « Honey non ». Donc le nouveau film d'Ethan Cowen, donc des fameux frères Cowen. C'est son deuxième film après Drive Away Dolls, qui n'avait pas connu vraiment un succès ni critique, ben, commercial, c'est dur à dire parce que le film est sorti directement sur Amazon Prime. Mais bon, celui-ci prend l'affiche au cinéma. Je ne l'ai pas vu, donc on n'en parlera pas beaucoup aujourd'hui à l'émission, mais c'est ça, je vais peut-être essayer de faire l'effort ce week-end d'aller le voir. Il y a également un film d'animation de Michel Gondry qui prend l'affiche « Maya, donne-moi un titre ». Je crois que le film avait été projeté en quelque part à Cannes. Est-ce que c'était hors compétition? Est-ce que c'était à la quinzaine des cinéastes? Je ne sais plus trop, mais c'est ça.
Un film très très court, 1 heure 3 minutes, mais de Michel Gondry là, qui est connu évidemment pour Eternal Sunshine of the Spotless Mind, Pecan Rewind, récemment Kidding, la série avec Jim Carrey, donc cinéaste français bien apprécié et très artistique également. Et il y a le film français On ira, donc qui prend l'affiche, donc lui aussi on va en parler à l'émission. Je vais en profiter également pour faire un petit opo sur Amour Apocalypse qui n'est plus une nouveauté au moment où on se parle mais je crois que l'épisode s'est perdu un peu dans les méandres de l'internet donc je vais rediffuser en fait l'émission en direct a bien été diffusée mais je crois qu'elle n'a pas été enregistrée donc je vais rediffuser en fait ma critique du film ainsi que les entrevues qu'on a réalisées avec l'équipe donc Patrick Yvon Elisabeth Magérène et la cinéaste Anne Émond. Il y avait également Gilles Renaud. Donc voilà, on va le rediffuser un peu plus tard à l'émission. Et puis voilà, je vais faire un retour un peu sur l'été, la semaine prochaine. Donc à l'émission de la semaine prochaine. Parce que là, je me demandais si j'aurais commencé cette semaine ou juste la semaine prochaine. Puis finalement, il y avait trop... Il y avait trop de nouveautés, il y avait trop de trucs à parler pour prendre une autre semaine de vacances, donc j'ai décidé de revenir, donc voilà. Je vais commencer peut-être mon tour d'horizon avec le film Phoenix, justement, qui prend l'affiche dans plusieurs cinémas. un film très touchant, très intimiste du cinéaste qui est Jonathan Beaulieu-Sur, qui est Cyr, qui était connu jusqu'alors pour avoir co-réalisé le film Mad Dog Labine, que j'ai pris la peine de regarder également. Il m'avait échappé à sa sortie en 2018. Un docu-fiction qui se passe dans la région Pontiac, en Outaouais, où on s'intéresse à deux jeunes qui gagnent à la loterie puis qui essaient de de deux mineurs en fait qui gagnent à la loterie et qui essaient donc d'aller chercher leur prix et de convaincre des adultes de le faire. Puis en même temps c'est une exploration un peu de cette région-là très particulière qu'on voit pas beaucoup au cinéma, vraiment au nord-ouest de Gatineau. Donc voilà, j'avais vraiment apprécié ce film-là. Et puis là on est dans un tout autre registre même si oui on parle encore un peu de la jeunesse ou de la famille en général. Phoenix, c'est l'histoire d'un fils, qui s'appelle Jacob, qui voit son père, qui est militaire, être déployé en Afghanistan, on devine en 2003-2005, au milieu des années 2000, lorsque les États-Unis sont on envahit en fait l'Irak. Donc c'est ça, on est à quelques semaines avant ce déploiement-là et puis pour se rapprocher de son fils, le père va décider de devenir en fait un coach de soccer de l'équipe Phoenix, donc des Phoenix. Et puis voilà, on explore un peu cette dynamique-là d'une famille militaire, de la communauté aussi militaire. On sait que les familles habitent dans des dans des quartiers ou dans des camps, des bases militaires donc avec leurs propres maisons et tout ça crée une communauté évidemment forte mais aussi communauté des fois qui peut se déchirer assez rapidement la guerre ça fait des morts donc on explore un peu cette dynamique familiale là avec les parents donc qui sont joués par Maxime Genois et Evelyn Brochu et puis C'est ça, un regard vraiment très intimiste. C'est inspiré de l'histoire de la jeunesse du réalisateur, qui lui aussi vient d'une famille militaire et dont le père a été déployé en Irak. J'ai vraiment aimé pour vrai cette approche-là. Je m'attendais avec ce type de synopsis d'avoir une histoire du point de vue seulement du garçon, Ce qui n'est pas le cas, je dirais, c'est peut-être un 50-50 entre le père et le fils, peut-être même un 60-40 pour le père. Je ne sais pas si c'est pour prendre une certaine distance avec le matériel source. Jonathan Beaulieu-Cyr l'a mentionné dans plusieurs entrevues. Ça fait longtemps qu'il essaie de porter cette histoire-là au grand écran, mais qu'il ne trouvait pas vraiment la façon de le faire. Et puis c'est lorsqu'il a décidé, en fait, de s'intéresser non pas à l'absence du père, mais aux semaines précédant l'absence.
[00:08:35] Speaker C: Que là, l'écriture s'est ouverte un peu.
[00:08:39] Speaker B: Elle a débloqué, puis qu'il a permis de raconter cette histoire-là. On n'en voit pas beaucoup des récits militaires non plus au Québec. Il n'y a pas beaucoup de déploiements, je dirais, dangereux. Oui, l'armée, les militaires se promènent, mais des fois, plus souvent qu'autrement, c'est pour des pratiques ou sinon des, je ne sais pas, des déploiements diplomatiques dans le cadre de l'OTAN et tout, dans des régions qui ne sont pas nécessairement en guerre. Mais bon, ça, on le sait. Au terme de la guerre en Irak.
[00:09:09] Speaker C: Je crois qu'il y a eu peut-être.
[00:09:10] Speaker B: Un peu plus d'une centaine de soldats canadiens qui sont décédés. Ça c'est pas mal le conflit récent qui a fait le plus de morts au Canada.
C'est ça, on s'intéresse vraiment à cette dynamique-là, à l'absence, pas prématurée, mais prédéterminée si on veut. Donc on sait qu'il y a une date de fin de cette présence-là paternelle et on ne sait pas s'il y aura un retour justement du paternel. Donc on explore tout ça, également les dynamiques de couple qui sont évidemment pas évidentes entre un militaire et sa femme. On voit le personnage d'Evelyne Brochu à certains moments essayer d'avoir elle-même une éducation au cas où le mari ne reviendrait pas et qu'elle doive subvenir aux besoins de la famille. On comprend qu'en cas de décès aussi il y a des Oui, il y a des pensions ou en tout cas des indemnisations, des trucs comme ça, mais ultimement, c'est ça, il faut quand même prévoir ces situations-là. Donc, c'est ça, on explore toutes ces dynamiques-là, puis vraiment, pas dans un désir de jugement ou même de dénonciation, je dirais. Je crois qu'il y a une certaine forme de dénonciation, du fait que c'est inhumain peut-être, soit la guerre ou le déploiement ainsi, ou peut-être même les chocs post-traumatiques. Il y a certaines phrases de texte qui sont présentes au début et à la fin du film qui abordent ces thématiques-là. Mais ultimement, c'est vraiment pour voir les répercussions dans les familles de ces décisions militaires qui sont prises dans ce cas-ci par les États-Unis. C'est le Canada qui a décidé de joindre un peu par force, je crois, donc, ce déploiement en Irak, mais donc, il n'y a pas une grosse critique sociale non plus de la guerre ou un message pacifique derrière tout ça, seulement une exploration très humaine de ces situations-là, qui, oui, je crois, dénoncent d'une certaine façon, mais qui ne dénoncent pas de façon didactique, on va dire ça comme ça. J'ai vraiment aimé. Il y a même certains plans qui me faisaient penser beaucoup à du Terrence Malick, notamment The Tree of Life, où on explore justement la dynamique familiale d'une famille religieuse au Texas dans les années 50. Mais tu sais, il y avait des prises de vue qui me faisaient beaucoup penser à ça. Terrence Malick aime beaucoup filmer au sol, ou en tout cas du point de vue des enfants. Il y a plusieurs plans qui sont comme ça, surtout au début du film. On a retrouvé d'autres ici et là, mais visuellement, le film est vraiment à des années-lumières de Matt Dahl-Glabine qui était très do-it-yourself, un visuel plus caméscope presque. Là ici, on est vraiment dans un Un film très soigné, qui est... On s'éloigne de la visée documentaire vraiment, on est dans 100% dans la fiction.
[00:12:02] Speaker C: Et puis, je crois que ça...
[00:12:07] Speaker B: Les conclusions sont laissées à la discrétion du spectateur. Puis c'est ce que j'aime bien, parce qu'au final, c'est plus intéressant d'approfondir les personnages que d'avoir un autre film anti-gage. Je sais pas ce qu'on peut y rajouter peut-être. en termes de films anti-guerre, tous les messages y sont passés à travers les années, donc je crois vraiment que cette approche intime va bénéficier, ou en tout cas va mieux faire vieillir le film et le rendre plus intéressant, à mon sens, que juste un message anti-guerre, donc je vous le conseille vraiment, Phoenix, c'est une belle découverte de l'année jusqu'à présent, un des bons films québécois peut-être Peut-être même le meilleur, je crois, jusqu'à présent, québécois. Il faudrait que, selon mes goûts, évidemment, mais il faudrait que je vérifie la liste des films que j'ai vus, mais je l'ai vraiment beaucoup aimé et je vous le conseille. Donc, Phoenix de Jonathan Beaulieu-Cyr, ça prend l'affiche à la Maison du cinéma. Restez des nôtres parce qu'après la pause, on vous parle des films Aimons-nous vivants, Florent-en-volant, Innu et On ira, avant de reprendre en fait notre topo sur Amour Apocalypse.
[00:13:11] Speaker A: Un jour je vais faire un film Je ferai la prise de son La réalisation Le montage et la direction photo.
[00:13:26] Speaker B: Vous êtes de retour à Ciné-Histoire, et puis maintenant, c'est le temps de parler.
[00:13:30] Speaker C: Du film « Aimons-nous vivant » de.
[00:13:31] Speaker B: Jean-Pierre Améris, un film qui met en.
[00:13:34] Speaker C: Vedette Valérie Lemercier et Gérard Darmon, Patrick Timsit également.
[00:13:39] Speaker B: Jean-Pierre Améris est derrière beaucoup de feel-good.
[00:13:42] Speaker C: De comédie feel-good des dernières années, notamment Les émotifs anonymes, la famille allouée, Marilyn et son juge.
[00:13:54] Speaker B: Donc c'est ça. Profession du père aussi, là, je crois qu'il était sorti... Je crois que j'étais en France quand il est sorti. Ah non, 2021, ça devait être pendant la pandémie. Mais bref, je me souviens d'avoir vu la campagne promotionnelle de ce film-là. Et donc, c'est l'histoire, en fait, de deux étrangers. Antoine Toussaint, qui est un chanteur bien connu de 70 ans, qui décide après une attaque, un AVC en fait, qu'il subit sur scène, de demander l'aide médicale à mourir parce qu'on lui dit qu'il a 40% de chance. de récidiver dans un avenir moindrement rapproché. On suit lui qui s'en va à Genève et en parallèle on suit Victoire qui est jouée par Valérie Lemercier qui est une prisonnière qu'on libère pour le week-end et qui va au mariage de sa fille qui est à Genève également. Les deux vont se rencontrer dans le train par pur hasard, ils vont évidemment être mêlés par la force des choses, par la force du scénario. Donc le chanteur va lui donner une pochette en cuir et puis, oublié, il y a son passeport dedans, donc il devra la retracer pour avoir son passeport, pour avoir finalement l'aide médicale à mourir. Et puis là, ils vont se lier un peu d'amitié à travers tout ça. Ils vont vivre plein de péripéties parce qu'elle n'a pas le droit à victoire d'être en Suisse. Elle n'a pas le droit de quitter la France parce que c'est une libération en fait temporaire. Donc, c'est ça. On apprend aussi qu'elle est peut-être en froid avec sa fille. Donc, sa fille qui a menti un peu aux invités du mariage qui ont dit « Ma mère habite en Argentine et puis on ne la voit plus beaucoup » plutôt que de dire qu'elle est en prison. Donc c'est ça, on va suivre ces deux personnages-là à travers des péripéties assez typiques, je dirais, d'une comédie grand public. Est-ce que... c'est certain que je crois que le film va peut-être plaire à un public un peu plus âgé, parce que, bon, Valérie Lemercier et Gérard Darmon, c'est quand même aussi des gens qui ont eu des bonnes carrières, mais c'est ça, peut-être que leurs meilleurs jours sont derrière eux, je dis ça, et en même temps Valérie Lemercier a gagné, je crois, des Césars pour Aline il n'y a pas si longtemps. mais c'est qu'ils sont peut-être les représentants d'une ancienne forme de comédie, je vais dire ça comme ça. La dynamique, ce qui est vraiment le plus intéressant dans ce film-là, c'est la dynamique entre les deux personnages. Donc, d'un côté, on a le chanteur un peu bourru et on a la femme très extrovertie qui va essayer finalement de lui faire changer d'idée l'amener à aimer la vie. Donc, c'est ça. Je crois que les deux acteurs ont du plaisir dans ce type de rôle-là. Gérard Damon, on l'avait vu notamment, c'est le vilain dans Astérix et Obélix Mission Cléopâtre, mais quand même une belle carrière. Pas toujours utilisé dans des rôles comiques, mais là, il revient à la comédie encore une fois. Et puis Valérie Lemercier, c'est ça, elle a quand même une historique assez importante de films comiques, que ce soit dans Rrrr, que ce soit dans Les Visiteurs, bref. Elle a quand même un bon timing comique, c'est ce qui fonctionne, mais je dirais que c'est peut-être l'enrobage autour qui, sans être mauvais, est juste un peu fade, je dirais. Je sais pas si on était sur le pilote automatique en termes de réalisation. On sent que la réalisation est adéquate, mais qu'il y a Il n'y a aucun effort, je crois, pour rendre cette histoire-là mémorable. C'est dommage parce que, même si c'est un trope qu'on connaît quand même assez bien, il y aurait eu moyen peut-être de Soit d'y aller all-in dans l'absurde, pour essayer de créer des moments qui, oui, peut-être vont sonner artificiels, mais au moins montrer un effort qu'on essaie de faire quelque chose avec cette histoire-là, plutôt que de juste se reprendre une histoire assez classique. Là, je crois qu'on se contente vraiment de juste être correct. Tous les aspects du film sont corrects, mais c'est au final notre intérêt qui, lui, en mange un coup, malheureusement. Est-ce que je crois qu'il va plaire à un certain public? Oui, je crois que c'est le genre de comédie un peu feel-good qui va plaire à un public qui demande pas grand chose, on va dire, d'un film ou qui est peut-être un peu moins critique. Je crois pas que c'est un film de cinéphile, là, aguerri, juste parce que...
[00:18:35] Speaker C: C'est ça.
[00:18:37] Speaker B: Il y a trop de lieux communs, malheureusement. Puis tu sais, en parlant de lieux communs, il y a un film à peu près pareil qui sort le même week-end, qui est On Iran. On va en parler un peu plus tard, là. Je pense que c'est très dans l'ère du temps que de parler de l'aide médicale à mourir, de l'humanité de la mort, on va dire ça comme ça, donc d'essayer de rendre cette mort digne. Donc je crois qu'il y a beaucoup de débats en France parce que je crois que c'est illégal, donc c'est pour ça qu'il y a beaucoup de gens qui s'en vont en Suisse où c'est légal là-bas. Donc c'est ça, je crois que...
Contrairement à Only Raw, là, peut-être qu'il y a un message un peu plus important sur l'aide médicale à mourir ou les impacts que celui-ci. Vraiment, aimons-nous vivant, c'est plus dans l'aspect ludique de la chose. Oui, c'est là, en trame de fond, mais on n'est pas là pour nécessairement critiquer ou pas, ou faire l'apologie d'eux. C'est plus un prétexte, en fait, pour regrouper deux personnes qui, en temps normal, ne se tiendraient pas ensemble. Et puis, c'est ça. être le fondement de cette nouvelle amitié qu'ils vont développer donc c'est ça je suis pas pleinement satisfait du film mais les comédiens s'amusent et c'est souvent ce que ça prend en fait dans une comédie pour que ça lève donc est-ce que ça lèvera je sais pas trop mais force est d'admettre que c'est ça c'est pas pour tous les publics non plus mais je crois que ceux qui vont aller voir ce film là savent un peu à quoi s'attendre puis vont être et ça va répondre à leurs attentes. Donc voilà, Aimons-nous vivant de Jean-Pierre Amiris, ça prend de l'affiche aujourd'hui à la Maison du cinéma.
[00:20:32] Speaker C: Vous êtes de retour à Ciné-Histoire et puis maintenant, c'est le temps de parler du film Florent Volant, Innu, d'Isabelle Longneus qui prend l'affiche aujourd'hui à la Maison du cinéma. Et comme son nom l'indique, il s'intéresse à l'artiste Innu, donc Florent Volant, natif de la Côte-Nord. On le retrouve en post AVC, en fait. En 2021, il a subi un AVC qui le rend paralysé d'un côté, du côté droit si je ne m'abuse.
On le suit en fait, ça fait un mélange de retracer la carrière de l'artiste qu'on a connu ici au Québec dans les années fin 80 et début 90 avec Cachetine, donc ce duo. Et on s'intéresse un peu au leg ou à la transmission peut-être de la culture Innu et de la musique Innu au sein des communautés et de l'impact de la musique des Premières Nations au Québec. Comme je l'ai dit, le documentaire s'amorce un peu avec des archives du début de la carrière de Florent Volant et entrecoupé d'entrevues avec des membres de sa famille, notamment sur la façon dont l'AVC l'a affecté. Et on a bien évidemment Florent Volant également qui ne se laisse pas démonter et puis qui replonge avec plaisir, je crois, dans sa carrière, son immense carrière. Lui qui, malgré la maladie, décide de ne pas se démonter, en fait, de continuer à faire des albums, à faire des spectacles, donc à continuer justement à faire vivre cette culture qu'il portait à bout de bras depuis plusieurs décennies. Par la suite, le documentaire va de façon chronologique, c'est-à-dire qu'on suit essentiellement de 2021-2022 à 2024-2025 à travers tout ce qui l'occupe, que ce soit des enregistrements dans le studio qu'il a à Sept-Îles ou dans le coin de Sept-Îles. Que ce soit des présences dans des festivals de musique autochtone, que ce soit en Gaspésie ou ailleurs. On le voit même préparer un spectacle pour la venue du Pape à Québec en 2024. Un spectacle qui tombe un peu à l'eau malheureusement. Il y avait un petit désintérêt général, je crois, de la visite du Pape à Québec. C'était dans ce mouvement, en fait, de réconciliation entre l'Église catholique et les Premières Nations et les déboires qui les ont fait vivre, qui leur ont fait vivre sur les pensionnats et tout. On apprend, on approfondit un peu le passé de Florent Volant, que ce soit son kidnapping en fait du coin de Labrador City qui l'a amené justement un peu plus au sud vers Sept-Îles, mais également on retrace avec sa famille, ses enfants et tout les lieux marquants de sa jeunesse que ce soit son son.
[00:23:30] Speaker B: Chalet en plein milieu de nulle part.
[00:23:31] Speaker C: À 150-200 km au nord de cette île. Il y a même ses enfants à un certain moment qui vont à Labrador City pour retracer un peu le passé. Ils vont avec le frère, si je ne m'abuse, de Florent Volant. Et donc, c'est ça, c'est comme un documentaire à mi-chemin entre l'intime, le personnel et peut-être le macro, donc l'impact de sa carrière, de sa musique au Québec. Le moment que j'ai bien trouvé intéressant parce que, c'est ça, je connaissais Cashteen de nom, mais je ne connaissais pas vraiment leur histoire en tant que groupe. Ils ont été évidemment très populaires. mais la crise d'Oka a changé pas mal la perception des Blancs envers les Premières Nations et ce qui a même mené en fait à un boycott sur les radios commerciales de la musique de Kashtin. Et ce contexte-là était très intéressant parce qu'il revient peut-être un peu d'actualité malheureusement, même si je pense que les revendications des Premières Nations sont peut-être plus écoutées, mais il y a toujours ce racisme systémique-là qui persiste ici comme ailleurs au Canada, donc c'est ça, je le trouvais quand même assez d'actualité, même dans ses moments un peu plus d'archives. Mais ce qui est vraiment rayonnant, je crois, dans ce documentaire, c'est Florent Volant lui-même, qui a toujours le sourire à la bouche, qui est toujours content de pouvoir faire de la musique, de pouvoir chanter, de voir des prestations musicales aussi, donc c'est vraiment lui qui qui fait le documentaire, là, j'ai rien à enlever aux autres intervenants, mais c'est vraiment... son énergie est contagieuse, je crois, puis on a le goût de passer du moment à un moment avec lui, et puis c'est ce que ce documentaire, en fait, nous permet, le temps d'un peu plus d'une heure trente environ, là. Je crois vraiment que ça s'adresse à des gens qui, soit ceux qui connaissent sa carrière ou ceux qui le connaissent peut-être un peu de loin, ça va vraiment nous aider à comprendre un peu l'importance de cet artiste-là dans la sphère musicale québécoise, mais aussi tous ceux qui...
sont préoccupés par, c'est ça, la culture des Premières Nations et puis peut-être leur effacement. Le documentaire arrive quand même assez tard, je pense qu'il y a même des extraits de 2025 là, ou en tout cas fin 2024. Il y a toute la question ici du COTOL, en fait d'un moratoire qui a été déposé au CRTC, donc qui là a été le porte-étendard sur la musique des Premières Nations, donc un 5% qui est revendiqué par un groupe, donc Nous, ici à la station, on se l'est auto-imposé depuis le dépôt de ce mémoire-là. Pour l'instant, le CRTC n'a pas fait suite à ce mémoire. Ça permet vraiment de s'intéresser à l'importance ou à l'activisme même de cet homme-là qui, ultimement, veut juste faire de la musique et faire rayonner sa culture. C'est vraiment très intéressant, un petit peu triste par moments. Évidemment, il n'y a pas eu un passé très facile, comme à l'image en fait de plusieurs personnes issues des Premières Nations malheureusement. Lui-même est allé sur des pensionnats et tout, mais c'est ça, sa joie de vivre est contagieuse. Et puis si vous aimez les documentaires sur des portraits d'artistes, des portraits d'hommes marquants, je crois que c'est le documentaire pour vous. Donc, Florent Volant, Innu, ça prend l'affiche aujourd'hui à la Maison du cinéma.
[00:27:02] Speaker A: Ah oui.
C'est maintenant le temps de parler du.
[00:27:18] Speaker C: Film On ira d'Enya Baru, un premier long métrage pour la réalisatrice qui met en vedette un tandem qu'on a vu il n'y a pas si longtemps, en début d'année ou en tout cas il y a un peu moins d'un an. C'est Hélène Vincent et Pierre Lautin qu'on avait retrouvé quand viendra l'automne, ou quand l'automne viendra, je ne me souviens plus trop, mais le plus récent film de François Ozon. Donc là on les retrouve alors que le personnage d'Hélène Vincent, donc Marie, décide d'aller en Suisse pour obtenir l'aide médicale à mourir. Vous l'avez entendu un peu plus tôt à l'émission, c'est deux films le même week-end qui abordent les mêmes thématiques. Celui-là, par contre, qui se présente quasiment plus sous la forme d'un road movie, donc un road trip, alors que, aimons-nous vivant, est déjà arrivé à destination, essentiellement au début du film. Donc, celui-là, c'est le chemin parcouru qui est plus intéressant. Donc, Pierre Letin lui interprète Rudy, qui est un garde malade, ou en fait, un infirmier qui va rendre visite à Marie et qui, va signer, frauduleusement, la place du vrai fils de Marie, donc les papiers pour autoriser l'aide médicale à Moré. Et puis là, il voudra la pousser tout au long de ce voyage, parce qu'il va s'inclure dans ce voyage-là, il voudra pousser Marie à dire à son fils et sa petite-fille qu'elle décide de... Elle va pas juste en Suisse pour le fun, elle décide d'aller mettre fin à ses jours. Son fils est joué par David Ayala et sa petite fille par Juliette Gasquet.
C'est ça, roadtrip, quand même assez intéressant même s'il y a certains lieux communs du genre, que ce soit du genre roadtrip ou du genre médical à mourir maintenant là, c'est ça je l'ai mentionné mais c'est des thématiques très très présentes en France en ce moment alors que ce n'est pas possible de le faire et ceux qui veulent procéder à ça en fait doivent s'exiler en Suisse, donc Ça se présente comme un roadtrip générationnel où la grand-mère peut passer un dernier temps avec son fils qui a des problèmes d'argent donc qui essaie aussi de sauver sa business. Et puis c'est ça, le fameux Pierre Lautin qui... les accompagne et qui est un peu le, sans dire le « comic relief » du film, mais qui est un peu cette vision externe-là et puis celui qui va se lier peut-être de la plus grande amitié avec Marie. Des interprétations vraiment très bonnes, comme je le disais, beaucoup de lieux communs pour le genre. Est-ce que ça ennuie vraiment à notre appréciation? ça dépend je crois que si comme la plupart des gens vous n'avez pas vu tous les films d'aide médicale à mourir dans les dernières années ben peut-être que celui-là a le potentiel de vous plaire bon moi j'en ai vu au moins 5-6 je crois dans la dernière année c'est la force... ben c'est l'émission en fait qui veut ça que je regarde la plupart des sorties françaises donc pour moi c'est ça il y avait peut-être un peu plus de lieux communs mais Je pense vraiment que la chimie du groupe fonctionne. Je pense que les situations sont... On aurait pu s'attendre à un film peut-être un peu plus à grands traits, puis ça ne l'est pas. Je pense qu'on ne va pas trop dans le burlesque ou dans la comédie stupide, puis on essaie de... C'est ça, c'est les situations qui ajoutent de l'humour et non pas nécessairement les... les performances, mais j'ai bien apprécié, honnêtement, si les gens n'ont qu'un... Je pense que c'est une thématique qui est très importante en ce moment en France, puis c'est important que la culture reflète un peu ça, si on veut que les mentalités changent. Mais c'est ça, je crois que si vous n'en avez pas vu, il y aura plus de... Votre appréciation sera bonifiée, je crois. Mais c'est un premier film intéressant pour vrai. Denia Barou, que je ne connaissais pas, qui est interprète d'ailleurs, une influenceuse dans le film. Elle était actrice aussi, elle avait joué dans quelques comédies, pas beaucoup, mais quelques comédies quand même en France avec Cadmérade et Franck Dubost. Bref, c'est ça, donc premier long métrage, probablement pas le dernier non plus, mais c'est ça, proposition intéressante d'un tandem qu'on a vu il y a pas si longtemps et qui semble bien s'apprécier, avoir une belle chimie à l'écran. La dynamique était différente dans les films de François Ozon, beaucoup plus dramatique et tout, mais c'est ça, ces deux acteurs-là se prêtent autant à la comédie et au drame et ça montre l'étendue de leur talent. Donc voilà, allez voir ça, on ira. Donc c'est une comédie road trip qui... il y en a deux. film de roadtrip en ce moment au cinéma avec Abiciclette je crois qu'il s'appelle je l'ai pas vu malheureusement parce que l'émission était en pause mais lui aussi c'est un roadtrip bon Abiciclette donc mais c'est ça c'est toujours un genre qui est plaisant à regarder un bon petit feel good malgré les thématiques un peu plus sérieuses si on veut mais on ira Dignabarou ça prend l'affiche aujourd'hui à la maison du cinéma Un jour je.
[00:32:34] Speaker A: Vais faire un film Je ferai la prise de son La réalisation Le montage et la direction photo C'est maintenant le.
[00:32:48] Speaker C: Temps de parler d'Amour Apocalypse, donc le film d'Anémon. Je reprends en fait mon segment de la semaine dernière parce que l'émission n'a pas enregistré. Mais pour vous parler de ce film-là qui a été présenté à la quinzaine des cinéastes en mai dernier, on va entendre l'entrevue justement réalisée avec Annémont avec Patrick Yvon, avec Gilles Renaud et Elisabeth Magérène. Mais si je tresse un peu les grandes lignes de ce long métrage, c'est le sixième en fait d'Annémont. Après Lucie Grizzly-Sophie, Jeanne-Juliette, Nelly notamment. Et donc celui-là se veut comme une comédie un peu décalée sur l'éco-anxiété, sur... Principalement là-dessus, mais sur peut-être une perte identitaire ou l'impression de ne pas être à sa place ou de ne pas comprendre le chaos qui règne actuellement dans le monde. Donc on suit Adam, qui est joué par Patrick Yvon, qui est un propriétaire de Chenille. Il garde des chiens et il reçoit une lampe de luminothérapie. qu'il utilise, mais il y a un numéro dedans de Customer Service, mais je crois qu'il le prend en fait comme une ligne d'appel ou en tout cas d'aide psychologique, si on veut, ou quelqu'un à qui parler, donc il décide d'appeler et il tombe en fait sur Tina, qui est jouée par Piper Perabo, qui à la base est là pour le Customer Service, le service à la clientèle. mais qui finalement, les deux se lient un peu d'amitié et finissent par se croiser. Tout ça se passe dans un lieu un peu nébuleux, qu'on comprend qui est le nord de l'Ontario et peut-être l'Abitibi, vu qu'il y a beaucoup de voitures entre ces deux coins-là, mais les lieux sont jamais vraiment mentionnés. Puis d'ailleurs, le tournage s'est effectué dans plusieurs villes au Québec, notamment ici pas trop loin, je crois à Thetford Mines, ou en tout cas dans ce coin-là. Il y a évidemment son père, qui est joué par Gilles Renaud, et son ami Frank, qui est joué par Éric Kaboulian. On les suit à travers tout ça, ils vont se lier. Leur relation, au début platonique, puis après ça un peu plus amoureuse. Mais bon, Tina est mariée avec des enfants et tout, donc ça complique un peu les choses. Ce que j'ai beaucoup aimé, à part l'humour un peu décalé, qui ne fonctionne pas toujours pour moi, mais qui est quand même toujours original. Ça m'a beaucoup fait penser à un film indépendant américain. Je n'ai pas vraiment d'exemple concret, mais ça avait cette vibe-là. Je ne sais pas ce qu'il donnait. Je ne sais pas si c'est peut-être la présence de Piper Perabo qui amène une branche anglophone au film qu'on voit peut-être un peu moins souvent dans le cinéma québécois. Je sais pas si ça avait le look d'un film indépendant américain. Humour un peu décalé. Tu sais, sans dire que c'est du Wes Anderson, mais tu sais, les personnages, surtout Patrick Yvon, l'interprétation est toujours un peu étrange. Bonne étrange, là. C'est pas un... Ce n'est pas un défaut du film, mais c'est ça, il joue quelqu'un qui ne semble pas très bien dans sa peau. Alors que Papa Reparable est vraiment calme, douce, vraiment... Je ne sais pas si elle est comme ça dans la vraie vie, mais à l'écran, vraiment, elle a une présence très calmante, si on veut. Donc, c'est ce dont Adam a besoin, lui qui est très anxieux de tout dans la vie, mais...
[00:36:14] Speaker B: C'est ça, il règne un certain chaos.
[00:36:15] Speaker C: Dans ce film-là qui va pas plaire à tout le monde je crois, mais qui se voulait apparemment un miroir justement à la société dans laquelle on vit, qu'on comprend pas trop pourquoi les événements s'enchaînent comme ça et que personne réagit ou en tout cas les gens ne réagissent pas de la bonne façon, donc à ce niveau-là je crois que c'est réussi. Ça faisait étrangement miroir également à ce qu'il se passait aujourd'hui, à une certaine scène, je crois qu'on parle des feux de forêt, au moment où l'équipe du film était de passage à Sherbrooke, il y avait du smog ou des alertes de smog depuis plusieurs jours déjà. C'est ça, on a normalisé un certain chaos, puis je crois que c'est ce que le film essaie peut-être pas de dénoncer, mais de constater, disons ça. Donc vraiment, c'est ça, si vous aimez. Puis la pochette est magnifique d'ailleurs, je sais pas qui l'a conçue, mais c'est... Très belle pièce d'art, mais c'est ça, si vous aimez les comédies décalées, comédies d'auteurs, ben, je crois que Amour Apocalypse ou Pick Everything, en anglais, là, j'en parle dans l'entrevue, pourquoi ce titre-là a une autre connotation peut-être en anglais, mais vraiment, c'est très, très intéressante proposition d'Anemon, donc allez voir ça, c'est toujours à l'affiche à la Maison du cinéma, et sur ce, on s'en va écouter l'entrevue que j'ai réalisée avec l'équipe du film.
[00:37:35] Speaker A: Donc je.
[00:37:50] Speaker C: Suis en compagnie de l'équipe du film Amour Apocalypse qui prend l'affiche aujourd'hui. Je suis en présence de Patrick Yvon, de Gilles Renaud, d'Elisabeth Magérenne et d'Anne Émond. Bonjour, vous allez bien?
[00:38:00] Speaker D: Bonjour!
[00:38:02] Speaker C: Merci de vous être déplacé ici. L'entrevue est enregistrée la journée de l'avant-première à la Maison du cinéma. Je commencerais peut-être avec la genèse du projet de ton côté, Anne. C'est une idée qui t'est venue alors que tu partageais en quelque sorte un peu les mêmes préoccupations que le personnage principal, qui est Adam. L'éco-anxiété, la dépression, la peur du futur. Dirais-tu peut-être que ce sixième long-métrage est ton plus personnel?
[00:38:30] Speaker E: Je ne pensais pas. Il y a quelque chose de vraiment proche de moi parce que je savais depuis longtemps, comme tout le monde, que les changements climatiques menaçaient notre habitat. Mais vraiment, vers 2019-2020, j'ai eu plus de temps avec la pandémie. Je me suis mis à écouter des podcasts, à lire. J'ai paniqué, vraiment. Mais pas paniqué. de manière intime. Ça m'a rendu triste et vraiment inquiète. J'ai eu peur du futur. J'ai un ami qui m'a vue au coin de la rue. Une semaine plus tard, il m'a acheté une lampe de luminothérapie comme dans le film parce qu'il trouvait que j'étais grise et que ça n'allait pas du tout. Mais ça se dit, quand j'écrivais le film, je me disais, ah, c'est pas personnel, parce que c'est pas moi, c'est un homme. Il y a de l'humour, il y a de la poésie. Tu sais, c'est pas mon film le plus personnel. Puis là, c'est la journée où je l'ai vu avec les messieurs et madames des institutions qui financent les films. Je le regardais avec eux, puis j'étais comme, oh, my God, c'est tellement personnel. J'étais comme gênée. On dirait que j'ai réalisé juste en le montrant à des gens que je connais pas.
[00:39:35] Speaker C: Même si le film, justement, aborde ces thématiques un peu plus difficiles, puis presque même devenues familières auprès de la population en général, il y a quand même malgré tout une touche d'amour, une touche d'humour, aussi d'humour absurde. Est-ce que c'est un peu pour, je sais pas... souligner l'absurdité peut-être du monde dans lequel on vit où on a du smog une journée sur deux pis que ça fait 15 ans qu'on se fait dire que ça allait arriver pis là ça arrive pis on fait pas grand chose avec ça finalement. Est-ce que c'est un peu l'aspect humoristique peut-être dans le scénario, est-ce qu'il vient un peu de ce sentiment d'être dépassé peut-être?
[00:40:12] Speaker E: Mais complètement, en fait je vais vous laisser parler gang, ça sera pas très long, mais ok parfait merci. Mais complètement, en fait, le côté absurde et décalé du scénario et du film, pour moi, ça participe premièrement à une expérience qui est quand même agréable. Tu sais, vraiment, c'est ce qu'on se fait dire quand les gens voient le film. T'es pas comme, oh, le monde est perdu, puis de toute façon, on est fait, fait qu'essayons plus rien. Ça participe à une expérience qui est... un peu... qui peut créer un peu d'anxiété, mais surtout, je pense, un désir de vivre puis de trouver une manière d'être joyeux, t'sais. Mais ça se dit, effectivement, moi, plus ça va, plus je trouve le monde dans lequel on vit dur à comprendre, t'sais. Moi, je me souviens d'écrire les premières lignes. Puis là, d'ouvrir un article sur le grainage de verre, je ne sais pas si vous vous souvenez de cette belle époque-là, mais tournez la page, puis le nouveau rapport du GIEC nous indique que dans 25 ans, le niveau de l'eau va être à telle et à telle faveur. Je suis comme, le monde dans lequel on vit, il est dur à concilier. Comment tu fais pour évoluer là-dedans? Fait que tout le côté absurde, puis il y a même des blagues que je qualifierais de... Pas de mauvais goût, mais d'impertinente, de l'humour qui n'est pas de l'humour propre. Je suis bien avec ça, j'aime ce côté décalé du film.
[00:41:27] Speaker C: Vous, ça a été comment d'être plongé dans cet univers-là qu'Anne a créé, un petit peu décalé par instant? C'était comment en tant qu'acteur et actrice? C'était parfait pour moi.
[00:41:38] Speaker F: J'aime bien cet humour décalé. J'aimais ça aussi comment Anne abordait la... C'est quelque chose de très, très important, la question des réchauffements climatiques. C'est la fin de l'humanité, en fait. C'est pas autant la fin de la Terre que la fin de l'humanité. de la façon dont elle l'aborde, c'est une façon encore détachée d'elle-même pour être témoin de toute notre panique. Tu sais, à travers Adam, il panique, il panique, mais ça sert à rien de paniquer. C'est de faire exister une histoire en parallèle avec ce drame-là, cette tragédie-là. Je trouvais ça vraiment habile, puis ça fonctionne, on rit, ça allège un peu. Pourtant, jamais qu'elle quitte des yeux le sujet principal ou le fond, C'est tout le temps là, tout le long. Il y a plein de signes qui nous le ramènent dans l'histoire. Mais malgré tout, on arrive à s'attacher à ces personnages-là, qui sont tous un peu responsables. On est tous responsables de la situation des choses. Puis on voit un peu aussi à quel point on est...
On est trop petits pour comprendre ce qu'il se passe. Je trouve qu'on le voit dans le film, c'est ça qui est beau. Ça fait qu'on l'aime malgré tout, notre espèce humaine, même si des fois on aurait le goût de la chicaner.
[00:42:57] Speaker C: On aurait peut-être la chicaner un peu plus, j'imagine. Pour vous, c'était comment?
[00:43:02] Speaker D: Moi, ce que je trouve intéressant dans mon personnage, c'est que pour lui, c'est comme... c'est presque normal. Tu sais, il dit, est-ce que c'est déjà la fin du monde? Parce que la lune est rouge. Il dit, non, non, papa, c'est la fumée, tu sais. Ah, OK. Puis il dit à son fils, l'autre, il dit, ah, moi, j'ai plus envie de vivre. Il dit, vraiment, il faut que tu sois là pour voir la fin du monde, voir l'apocalypse. Ça ne te tente pas de voir ça, ça va arriver, là. Tu sais, depuis le temps qu'on en parle, yeah, il faut être là. Il faut le voir, tu sais.
[00:43:29] Speaker F: C'est un spectacle, c'est un show tout le temps.
[00:43:31] Speaker D: Oui, c'est ça, c'est ça qui arrive, puis c'est la vie, puis la vie, c'est ça, c'est l'apocalypse, c'est la fin du monde. Alors, c'est une sorte d'humour, mais il le fait pas de façon humoristique du tout, mais le public rit.
[00:43:44] Speaker C: Vous êtes quasiment le personnage le plus terre-à-terre de tout le scénario. Oui, on vit, on vit.
[00:43:51] Speaker D: L'autre, il veut changer sa vie. J'ai de la misère. La vie, c'est ça. Tu vis, puis tu vis. Et point final, tu ne peux pas changer ta vie. Ta vie, elle se fait toute seule. Il est terre-à-terre.
Il est très drôle aussi, ce personnage-là, qui est un personnage déprimant, tu sais, on le regarde, là. Moi, je voudrais pas être ce gars-là.
[00:44:16] Speaker C: Non!
[00:44:17] Speaker D: Je serais déprimant, moi, t'as dit, si j'étais ce gars-là. Mais... Puis en même temps, un fond de... un fond d'amour, en fait, avec son fils, une sensibilité. Il adore son fils, malgré qu'il passe son temps le chicaner, puis il dit, voyons, ah oui... Fais un homme de toi. Mon père me disait ça quand j'étais petit. Si je pleurais, arrête de pleurer. Fais un homme de toi. C'est un peu ça qu'il dit Eugène à son fils. Fais un homme de toi. C'est pas grave ça. Ben oui, il pleut. Ben oui, il y a de la fumée. C'est pas grave.
[00:44:49] Speaker F: En même temps, il fait du bien d'autres personnages parce qu'il nous ramène. On n'a pas de pouvoir sur ce qui se passe. Individuellement, on n'en a pas. Suis le fleuve. C'est un peu ce qui fait de ton personnage.
[00:45:00] Speaker C: Elizabeth, de ton côté peut-être? C'est ta première expérience aussi au cinéma, je crois.
[00:45:08] Speaker G: Oui, effectivement, c'est mon premier film. Je pense que mon personnage remit partie beaucoup à l'aspect humour décalé du film. Mais je dois avouer que j'avais pas... Je le savais que c'était drôle, mais je n'avais pas mesuré l'ampleur de l'humour dans les scènes de mon personnage. En fait, j'étais tellement dans la situation. C'est ce qui se passait. Quand j'ai vu le film, j'ai fait « OK, c'est vraiment drôle ». C'est comme mon personnage punch. Les gens me reparlent des répliques. J'adore ça, mais j'avoue que je n'avais pas réalisé à quel point mon personnage était drôle avant de le voir.
[00:45:51] Speaker C: Vous avez tous et toutes des âges différents.
[00:45:55] Speaker B: J'ai le goût, puis probablement que je.
[00:45:56] Speaker C: Ne suis pas le premier à vous poser cette question-là, mais vivez-vous avec les préoccupations qui sont au cœur du récit? Bon, Anne, évidemment, oui, mais comment est-ce que vous vivez avec, je ne sais pas, la perspective du futur? Est-ce que vous vivez bien avec ça, mal? Est-ce qu'on suit le courant comme votre personnage?
[00:46:18] Speaker D: Dans ma vie personnelle, je suis inquiet, pas pour moi, parce que je ne verrai probablement pas la fin du monde. mais parce que j'ai 80 ans, puis ça devrait arriver pas d'ici 20 ans. Mais je pense à mes enfants, je pense à mes petits-enfants. J'ai neuf petits-enfants. Mais je me dis que l'humanité a toujours... a souvent été au bord du gouffre, t'sais. Moi, dans les années 60, le monde construisait des abris nucléaires, t'sais, dans leurs cours, puis rentrait, achetait des cannes de bine, puis...
On parlait de la guerre atomique. C'était la guerre froide avec la Russie, l'URSS à l'époque. On avait peur, on avait très peur de ça. On était au bord de faire exploser la planète. Et tout à coup, l'humanité a dit « ouf, ouf, ouf ». Moi, j'ai encore confiance en l'humanité. Je me dis qu'à un moment donné, les imbéciles qui dirigent nos pays, peut-être pas tous nos pays, mais plusieurs de nos pays, à un moment donné, on va les tasser. On va dire, bon, ça va faire. Il va falloir... L'humanité va le faire. Je crois en ça. Je me dis, à un moment donné... Puis je regarde nos enfants, mes enfants et mes petits-enfants, ils sont beaucoup plus conscients de l'écologie, par exemple, qu'on l'était, nous autres.
On est en train de le devenir, mais on ne l'est pas au niveau où ils sont. Ils sont très bons en informatique, puis ils sont très bons en écologie. Nous autres, on n'est pas forts en informatique, mais on n'est pas forts en écologie, mais on utilise les deux quand même. Fait que pour moi, il y a une sorte d'espoir. Je me dis, l'humanité n'est pas si niaiseuse que ça.
[00:48:03] Speaker C: Ouais. Est-ce que vous partagez... parce que ça va être à vous.
[00:48:07] Speaker B: Ça va être à toi, Elisabeth, de faire ça.
[00:48:09] Speaker D: Ah, mon dieu.
[00:48:10] Speaker F: Oui, je ne suis pas... J'essaie de ne pas trop m'occuper de tout ça, de faire ce que je ressens dedans. En dedans, je n'ai pas le goût de détruire. Je n'ai pas le goût... J'ai le goût que les prochaines générations perdurent. J'ai le goût que l'humanité continue. Puis je pense que c'est dans notre ADN. Tous les systèmes vivants de la planète veulent survivre. Ils veulent... la prospérité ou pas la prospérité, la longévité. Fait que j'ai du mal à imaginer qu'on va... Je pense que ça va changer, on va changer les choses, ça c'est certain. Mais je pense qu'on est encore des jeunes, une jeune espèce. Fait qu'on est arrogant. Peut-être qu'on va avoir une idée.
[00:48:49] Speaker C: Dans notre crise d'ado.
[00:48:50] Speaker F: Oui, ça fait mal des fois à prendre pis il y a bien des affaires qui partent, t'sais. Je sais pas, j'ai aucune idée, j'ai pas le goût de me concentrer là-dessus pour t'avouer. J'aime mieux me concentrer sur... Je trouve que dans le film, je le répète souvent, mais dans le film d'Anne, moi, ça m'a réconcilié beaucoup avec ce qui arrive parce que...
Elle, ce qui arrive dans les deux personnages principaux, et toute la gang, c'est que c'est du monde qui commence à se parler et à s'aimer. Puis à ce moment-là, il y a des valeurs qui changent. Les valeurs de faire de l'argent, c'est secondaire. C'est d'être en amour de mille autres, de se parler, d'essayer de se comprendre.
À partir de ce moment-là, tout est possible, je pense. C'est sûr que les choses changent. Moi, j'ai confiance. Je veux juste être bien là. Si je suis bien là, j'ai plus de pouvoir que si je suis malheureux, puis je vois ça, puis je panique.
[00:49:40] Speaker C: Ouais. Ouais, ouais.
[00:49:42] Speaker F: Et c'est Anne qui a trouvé la solution. Elle sait même pas elle-même.
[00:49:46] Speaker D: Elle va avoir un statut.
[00:49:48] Speaker F: À New York.
[00:49:50] Speaker D: Elle va mettre sa face sur le statut de la liberté.
[00:49:53] Speaker G: Ah, ça serait beau.
[00:49:54] Speaker F: Ça serait beau, ça.
[00:49:55] Speaker E: Ah, il rejoignait Rémi. Ah, il les a attachés à Anne.
[00:49:59] Speaker G: Excusez-moi. Moi, c'est sûr que j'ai 25 ans, donc je suis dans la génération des écoanxieuses. J'ai peur, on a peur, on est inquiet, et pas juste pour l'écologie, pour la violence en ce moment qu'il y a dans le monde, pour la gestion de l'argent, pour la gestion des territoires, c'est comme tout est inquiétant. Puis, ben, ouais, ça m'habite. En même temps, je me dis, ben, coudonc, si on disparaît, peut-être la planète va aller mieux, t'sais. Mais... Ouais, je pense que les questionnements en ce moment, c'est avoir des enfants, pas avoir d'enfants. Qu'est-ce qu'on fait de notre temps? Qu'est-ce qu'on fait de nos mains? Puis la place de l'or là-dedans, t'sais, c'est comme il y a beaucoup de questionnements, je pense que... Il faut juste avancer, en être conscient et faire ce qu'on peut. Mais je ne suis pas dans le 1%. J'ai l'impression que je suis un peu impuissante.
[00:50:57] Speaker C: C'est des préoccupations qui habitent évidemment le personnage principal. Est-ce qu'on passe à côté de notre vie ou pas? Qu'est-ce qu'on fait de ce temps-là? Si on revient au film, justement, clairement, tu pensais avoir créé peut-être en une distance, en mettant un personnage masculin, puis finalement, peut-être moins que tu pensais, mais comment est-ce que du scénario jusqu'à l'écran, le personnage a évolué? Est-ce qu'il y a eu du travail avec Patrick et toi? Est-ce que ce personnage-là a évolué?
[00:51:32] Speaker E: Oui, je veux dire oui, oui. À partir du moment où tu travailles avec un acteur, à mon avis, le personnage évolue et c'est pour le mieux, toujours. La personne arrive avec tout ce qu'il y a. Ça, c'est merveilleux. En même temps, c'est comme un film qui était quand même au niveau... Il n'y a pas d'improvisation. C'est un film qui est écrit, les dialogues, ligne par ligne, tout ça. Par contre, on discutait et on changeait des trucs, on améliorait des choses. Je pense que le personnage, disons par rapport à ce que j'avais en tête, puis ça c'est vraiment une bonne nouvelle, il est plus attachant. Vraiment là, t'sais moi quand je l'écrivais je me disais « Hey, il peut taper Sénat du monde, ce gars-là, t'sais tellement justement, il est conscient de tout puis t'sais, Puis c'est ça, il n'est pas conscient de tout. C'est ce que j'aime aussi, mais il est anxieux, mais il lit, puis il est cultivé, il est informé pour vrai, il connaît les faits. Puis je me disais, il peut quand même être gossant pour le spectateur. Puis finalement, je pense qu'il... En tout cas, moi, je l'aime vraiment quand je vois le film, puis je pense que les gens l'aiment aussi. Ça, c'est la magie Patrick Yvon, j'ai l'impression.
[00:52:41] Speaker C: Est-ce que t'as eu à doser, justement, ces doses-là de moments plus dramatiques et de moments plus comiques? Comment t'as approché ce rôle-là?
[00:52:48] Speaker F: Je me suis laissé guider par Anne. C'est plus celle qui avait le... Je sais pas si j'arrive avec ça. Moi, je pense... Ça a été long avant que je comprenne que c'était une comédie, premièrement. Fait que c'est Anne qui m'a vraiment... qui est allée chercher, mettons, à l'accentuer, mettons, les périodes de drame ou les situations dramatiques, les situations comiques. Mais des fois, à mon insu, dans la mesure où je ne me concentrais pas là-dessus, je me concentrais juste... J'avais l'impression de le connaître, le personnage, parce que je l'aimais en partant quand je l'ai lu, puis je me reconnaissais là-dedans. Le reste, c'est Yann qui décidait. Puis les autres aussi. Ce que les autres personnages disent d'Adam, c'est aussi qu'il se révèle à cause des autres. tout seul, même comme dans la vie, c'est un peu les autres qui nous disent ce qu'on est, parce que si on est tout seul sur une île, c'est difficile de savoir. Donc, ouais, c'était tout ça. Les chiens aussi, bon, il y a des morts.
[00:53:38] Speaker C: Les chiens, oui. Parle-nous, Anne, peut-être de... l'implication de Piper Perabo dans le projet. À quel moment est-ce que, dès le départ, tu voulais un personnage anglophone? Puis pourquoi ton choix s'est arrêté sur elle?
[00:53:53] Speaker E: Oui. Très vite, le film... En fait, dès le début, c'était écrit en anglais et en français. Vraiment, là, on place Adam dans des situations toujours compliquées et loufoques. C'est vraiment... Son employé, c'est difficile. Son père, c'est difficile. Tout... La psychiatre un peu particulière. Tout... Tu sais, il fait face à vraiment... une série d'embûches, puis j'étais comme, ah bien, OK, ils rencontrent l'amour, mais en plus, être éloint, être anglophone, être en Ontario, tu sais, c'est comme une histoire peu probable. Puis ça, je trouvais ça intéressant. Puis ça crée aussi quelque chose dans les dialogues de le fun, parce qu'ils parlent très bien anglais, Patrick parle bien anglais, puis le personnage aussi, mais quand même, il y a une façon de s'exprimer qui est vœu-vœu pas plus... presque candide. Tu sais, en anglais, on va plus simple, on fait des images plus claires. Donc ça, je trouvais ça intéressant. Puis Piper, elle s'est arrivée... C'est compliqué de travailler avec... Non, mais avant, Piper n'est pas compliquée du tout. Vraiment pas, au contraire, mais... Vraiment pas, mais arriver à travailler avec une actrice américaine, tu sais, il y a une série d'étapes, c'est toute une question de production, d'agence, de manager, de trucs que nous... On se rend compte à quel point on est quand même bien au Québec, là, pour créer, t'sais. Mais ça faisait... Piper, je l'avais dans la tête depuis longtemps, quand même. Depuis 2020, j'avais réécouté The Prestige de Christopher Nolan. Puis je la voyais, puis j'étais comme... Elle a l'air tellement gentille, mais vraiment douce et gentille. Puis je me disais, c'est ce dont Adam a besoin, t'sais. Puis finalement, elle est arrivée. Elle a lu le scénario, elle a dit oui. Puis elle est douce, gentille, généreuse, lumineuse, tout ce qu'on pensait qu'elle était puis qu'on espérait qu'elle soit. En plus d'être une très bonne actrice, elle est tout ça. On a été chanceux.
[00:55:31] Speaker C: Le film a aussi une esthétique très particulière.
[00:55:35] Speaker B: Je pense qu'il y a une attention qui est portée évidemment à l'image filmée.
[00:55:38] Speaker C: 35 mm, très granuleux comme visuel, même à la musique aussi, minimaliste, mais je ne sais pas. étrange, on va dire ça comme ça. Comment est-ce que t'as construit, bien, comment est-ce que t'as utilisé justement ces éléments.
[00:55:51] Speaker B: Techniques-Là pour, je sais pas, bonifier peut-être.
[00:55:54] Speaker C: Cet univers un peu décalé de fin du monde?
[00:55:57] Speaker E: Oui, mais quand j'écrivais puis que je lisais le scénario, une des choses, puis peut-être que ça, c'est vraiment des réflexions de cinéaste, de réalisatrice, tu sais, mais je voulais pas en faire un trop bel objet parce que je trouvais qu'il y avait ce risque-là avec ce scénario-là quand même, tu sais, un peu rom-com, un peu... de l'humour. Je me disais, je veux quand même que le film reste punk, un peu. L'espèce de côté un peu irrévérencieux. Je voulais pas que ça devienne un objet trop beau, trop lisse, trop facile à aimer par tout le monde. En même temps, maintenant, je suis comme, non, je veux que tout le monde aille le voir puis qu'il l'aime. Fait que c'est bon, c'est un peu... C'est un peu bipolaire mon affaire, mais il y avait ça, cette espèce de désir-là, le monde dans lequel on vit qui est sale. Il y a du smoke partout, c'est pollué. Donc, au niveau du choix de la pellicule qui est granuleuse, au niveau des cadrages, pas toujours élégant non plus, un peu tout crush. C'est avec le directeur photo puis le directeur artistique qu'on a mis ça. Puis après, avec la monteuse puis le... Le compositeur de la musique, c'est comme s'il y a un côté, je ne sais pas si vous le sentez, très brouillon dans le film, brouillon chaotique, mais vraiment contrôlé. Finalement, il n'y a rien de brouillon. Moi et Olivier Gosseau, le DOP, on était comme, comment on fait pour avoir l'air d'avoir pas trop réfléchi? De vraiment essayer d'être comme... capter quelque chose, de rester vivant puis pas trop parfait. C'était ça l'idée. Là, c'est bizarre de le citer maintenant, mais j'ai vu Red Rocket de Sean Baker, que maintenant tout le monde connaît, mais c'était pré-Anora. Puis ce film-là nous a beaucoup influencé toute l'équipe artistique.
[00:57:31] Speaker C: Le début me faisait penser aussi un.
[00:57:33] Speaker B: Peu à Her, cette relation un peu.
[00:57:35] Speaker C: À distance qui finalement, bon, les personnages se rencontrent. Je vais passer un peu du coq à l'âne. J'ai une question pour vous, Gilles, avec évidemment votre immense bagage, immense filmographie, qu'est-ce qui, encore aujourd'hui, vous fait accepter un rôle, soit à la télévision ou au cinéma?
[00:57:54] Speaker D: Qu'est-ce qui... Oui, le coup de coeur pour le scénario, l'équipe, le cinéaste, tout ça. Je connaissais le travail d'Anne. Et puis, quand elle m'a appelé, j'ai tout de suite... Oups! J'ai eu la puce à l'oreille. Je me suis dit, oh, ça doit être intéressant, parce que j'ai beaucoup aimé ses films. Puis quand j'ai lu le scénario, j'ai fait, ah oui, oui, oui, je vais faire ça. Je voulais absolument le faire. Puis je suis allé, puis je l'ai convaincu de me prendre, parce qu'il y avait une liste de 230...
[00:58:29] Speaker E: J'ai pensé à 200 comédiens, là.
[00:58:31] Speaker D: Alors j'ai... Tous plus vieux les uns que les autres. Alors je l'ai convaincu de me prendre, puis j'avais envie de faire ce personnage-là, puis j'avais envie d'aller au bout de ce personnage-là. Il est pas très joli. C'est pas flatteur. Comme disait ma blonde, c'est pas avec ce film-là que tu vas te faire une blonde.
Puis ça, ça me plaisait de faire ça, d'aller là, la barbe longue, mal habillée, gras, écrasée tout le temps, les cheveux gras, t'sais. Et puis un homme qui prend pas soin de lui, qui a comme... il est rendu au bout, là, t'sais. Lui, il attend l'apocalypse, puis il a bien hâte que ça arrive, puis il voit ça, aille, ça va être beau, ça va être une belle fin, t'sais. Alors ça, ça m'allumait. C'était pas un genre de personnage que j'avais fait beaucoup. J'en ai fait quelques-uns, mais pas vraiment aussi loin que ça. Alors, ça m'allume. Ça réallume le feu, tu sais, de faire des choses comme celle-là.
[00:59:30] Speaker C: Le film en anglais s'appelle Peak Everything, qui fait référence peut-être à une thématique que le titre francophone n'aborde pas, c'est-à-dire l'excès de tout, la saturation. Je serais curieux de vous entendre peut-être sur vos personnages, quels sont justement ces excès de vos personnages-là, leur point de saturation, puis si ça vous tente, vous pouvez, vous sur le plan personnel aussi, Quels sont vos excès? Qu'est-ce que vous sentez que vous avez de trop dans votre vie?
[01:00:02] Speaker E: J'adore cette question-là, pour vrai. Bonne chance. J'aime beaucoup ça, cette question-là. Bravo!
[01:00:07] Speaker C: La question psychopathe.
[01:00:08] Speaker E: Non, non, c'est vraiment une bonne question.
[01:00:12] Speaker F: La sensibilité. Et pour Adam et pour moi. Saturation, oui. C'est comme l'affaire à proscrire. Je compte la sensibilité.
Je dirais que c'est ça, à ce niveau-là. Si Adan est presque devenu... il s'isole, puis il est devenu un reclus avec son chenil, puis son père, puis son ami. C'est un peu ça. Il est trop sensible. Il n'est pas capable de faire face aux agressions extérieures. Il n'est pas capable de se faire une façade ou juste une carapace. C'est ça, vivre. Il y a des coups qui viennent avec.
Il faut le prendre comme c'est pour se protéger parce que c'est là que ça devient dangereux. Je te dirais que c'est ça.
[01:00:57] Speaker C: Très bonne réponse.
[01:00:59] Speaker F: Très bonne question aussi.
[01:01:02] Speaker G: Moi je pense qu'il y aura mis un excès d'impulsivité.
C'est le moins que l'on puisse dire. Sur le plan personnel, je ne suis pas beaucoup dans l'excès. Je pense que des fois je pourrais l'être plus.
[01:01:17] Speaker C: Très bonne réponse.
Voulez-vous vous risquer?
[01:01:21] Speaker F: Les longs trajets avec nous, ça fait ça?
[01:01:23] Speaker C: Oui, c'est ça.
[01:01:25] Speaker D: Je ne suis pas du tout comme mon personnage. Lui, il essaie de convaincre son fils d'être moins sensible, de plus accepter la situation en allant au bout de l'acceptation, en disant, regarde, la vie est belle. Mais en quelque part, c'est parce qu'il veut convaincre son fils. Il veut le descendre d'un cran. Moi, je ne suis pas comme ça. Je suis plus proche du fils dans la vie que de mon personnage. Je suis plus...
Je prends les couteaux par les lames, tu sais, comme... au lieu de souvent. Alors, des fois, on me reproche, dans mon entourage, de dramatiser les choses, alors que mon personnage, lui, le fait pas du tout, du tout.
[01:02:20] Speaker C: Contraire, oui.
[01:02:21] Speaker D: Mais je trouve que dramatiser les choses aussi, c'est en même temps montrer l'importance de ce qui se passe présentement. Peut-être aller plus loin que ce qui se passe, mais si on va plus loin, on va... C'est un peu comme Trump fait. Hé, ça, ça me fait mal. Je vais te citer Trump. Mais tu sais, quand il dit, je vais vous mettre 50 %, puis là, deux semaines après, il dit, bon, ça va être 35 %, on est content, tu sais, c'est juste 35 %, mais c'est épouvantable, 35 %. Alors moi, j'ai une attitude comme ça face à ce qui se passe sur la planète. Tu sais, je me dis, mon Dieu, la Terre va revirer de bord, tu sais, puis le monde dit, non, non, calme-toi, Gilles, calme-toi. Mais ce qui est le contraire de mon personnage, en fait.
[01:03:08] Speaker C: Est-ce que tu veux te risquer mes réponses aussi?
[01:03:09] Speaker E: Oui, j'aime beaucoup cette question-là et vos réponses parce que le titre en anglais, « Peak Everything », je l'adore parce que c'est effectivement un concept scientifique dont Adam parle à un moment donné qu'on a piqué le pétrole, qu'on le sait, mais tout, le bois, la terre, le phosphore, tous les matériaux, les minéraux, tout ça, on pique. Il en parle aussi dans le film quand il parle à Tina la première fois, il dit aujourd'hui, Faut qu'on aille des amis, faut qu'on voyage, faut qu'on... T'sais, on pique un peu partout, puis... Moi, là, je vais dire des choses, mais mettons... Là, je suis retournée sur Instagram pour faire la promotion du film. Je pique Instagram, j'y vais beaucoup trop. T'sais, tout de suite, je suis comme... Je sais pas. Après ça, j'ai commencé à faire de la course à pied. Bien, maintenant, je fais des demi-marathons puis j'ai une montre qui calcule, mais... T'sais, c'est... Je bois trop d'alcool, t'sais. Clairement, là, j'ai des offres de voyage pour aller présenter le film en festival. Fait que là, je suis comme, ouais, mais là, on m'écrit du carbone de prendre l'avion pour aller présenter le film en festival. En tout cas, moi, je trouve que la vie nous fait piquer vraiment beaucoup, t'sais. Et puis là, je suis pas en train de dire que je bois du vin. Maman, si t'écoutes ça, j'ai pas des problèmes, là, t'sais. Mais je veux dire, je trouve que nos sociétés nous... Moi, je trouve que je suis excessive en tout. Je pense que je pourrais être beaucoup plus calme et moins excessive.
[01:04:25] Speaker F: Tu vas avec l'air du temps.
[01:04:28] Speaker E: Un peu, oui.
[01:04:28] Speaker F: On fait tous ça, je pense. À moins de vivre dans le bois.
[01:04:32] Speaker E: C'est ça. C'est pour ça, des fois, je veux vivre dans le bois.
[01:04:37] Speaker C: Le film a été sélectionné à la quinzaine des cinéastes en mai dernier. Vous êtes en tournée de promo québécoise. Il va être présenté également à TIFF en clôture. D'abord, êtes-vous content et contente de la réception du public? Est-ce que la réception varie en fonction du public? Est-ce que le public plus international reçoit pas le film de la même façon qu'ici au Québec? Je ne sais pas qui est allé.
[01:05:05] Speaker B: Dans les promos internationaux.
[01:05:08] Speaker E: On est tous allés à Cannes ensemble. La première, on l'a vécue tous ensemble. Donc un public, je dirais, probablement majoritairement français, mais quand même très international. Et moi, dès la première minute et demie, j'ai comme quasiment frappé patte. J'étais comme « all good ». Parce que les gens ont ri, tu sais. Ça a embarqué très, très vite. Puis on a fait « wow ». Moi, je le sais comment le film est bizarre dans sa structure, ou libre, ou peu importe comment on dit ça. Peut-être que là, on va les perdre. Peut-être que le public va débarquer bientôt. J'étais un peu comme... Puis finalement, non, on les a tenus jusqu'à la fin. Fait qu'à date, c'est un public français, puis le public québécois, à date, réagit vraiment, vraiment, vraiment bien. C'est ce qu'on sent. À la limite, ça rit beaucoup plus que je pensais. Puis moi, la surprise, je dirais, c'est le fait que c'est autant des jeunes, jeunes adultes, du monde de 18, 20 ans, et des gens aussi vieux que Gilles Renaud qui viennent nous voir. Non, mais ça, ça m'étonne. Pour vrai, moi, je me disais, soit ça va être un film un peu de ma tante. Les Gen Z vont être comme... Jusqu'à date, il y en aura peut-être, puis c'est correct, on est prêts à ça. Mais c'est l'espèce de côté, on dirait que tout le monde... Pas tout le monde, il y a plein de monde qui ne vont pas l'aimer. Mais il n'y a pas d'âge, en tout cas. Il n'y a pas d'âge.
[01:06:23] Speaker F: Ça fait du bien, on dirait qu'on voit les lumières dans les yeux des gens, les étincelles quand ils sortent. Ils nous remerciaient à Cannes. Ils nous remerciaient, mais comme si... comme si on avait fait vraiment... on les avait aidés, on les avait soulagés pendant un moment. Je savais que le film, ça faisait du bien. Il y en a qui disaient, c'est le film qui a fait le plus de bien de toute Cannes depuis qu'il était là. Je te mets de l'impression, mais c'était vraiment ça. Puis je pense pas qu'il était obligé de nous dire ça, pas du tout. On dirait que ça réconcilie, je trouve, ce film-là.
[01:06:57] Speaker D: C'est un film qui parle de ce qui se passe présentement, c'est-à-dire les feux de forêt, les ouragans, les inondations, les sécheresses, tout ça. Mais tout à coup, on sait pas pourquoi, on sort de ce film-là, puis on vient de voir un feel-good movie. Les gens sortent, puis ils ont un sourire. Hier soir, les gens nous ont parlé, là, ça arrêtait pas. Après le film, les commandes, ils se sentaient bien, puis on est contents. C'est comme si on leur dit, il y a peut-être une solution à tout ça. C'est un film rempli d'espoir.
[01:07:32] Speaker B: Oui.
[01:07:33] Speaker C: Puis que c'est ça. L'amour qui prévaut au final, ou en.
[01:07:37] Speaker B: Tout cas le vivre ensemble.
[01:07:39] Speaker E: En tout cas, j'espère qu'on ne prend pas non plus le spectateur pour un con en lui disant, l'amour va tout régler, c'est pas ça que le film... C'est ça qui est le fun. Je pense aussi que le spectateur fait, bon, il n'y a pas d'une solution facile. Il n'y en a pas. Mais là, au moins pendant les 99 dernières minutes, On était bien, on va pouvoir en reparler, tu sais, puis voir comment on s'engage ou pas. Mais ça, c'est toujours ma grande question, comment on fait pour s'engager, vraiment.
[01:08:03] Speaker F: Donc, on se sent un peu comme ceux qui ont décidé d'écouter les musiciens sur le Titanic jusqu'à la fin. C'est comme ça qu'on se sent. On s'est versé par la musique, ça coule, on est bien.
[01:08:13] Speaker G: J'adore ça.
[01:08:15] Speaker C: J'espère que c'est ce que vous allez faire vivre à vos spectateurs et spectatrices. Le film prend l'affiche donc aujourd'hui à la Maison du cinéma et partout au Québec. Patrick, Gilles, Élisabeth, Anne, merci beaucoup d'avoir pris le temps de me parler aujourd'hui et bon succès au film.
[01:08:31] Speaker F: Merci à toi.
[01:08:32] Speaker C: Merci beaucoup.
C'est déjà tout pour cette émission, cet épisode de Ciné-Histoire. J'aimerais remercier évidemment l'équipe du film Amour Apocalypse d'être venue en studio, donc Patrick Yvon, Anne Emond, Gilles Renaud et Elisabeth Magérenne. Allez voir les films qui prennent l'affiche, donc Florent Volant, Innu, Aimons-nous vivant, On ira, et Phoenix. Sinon, on se retrouve pas la semaine prochaine parce que c'est la rentrée et il y a beaucoup de chaos, je parlais de chaos dans Amour Apocalypse, ben il y en a beaucoup ici qui règnent à la station. Mais on va revenir le 5 septembre pour une émission très intéressante, on aura des entrevues et plusieurs nouveautés. Donc voilà, merci beaucoup, on se retrouve dans deux semaines en fait pour un autre épisode de Ciné-Histoire.